Impact du changement climatique sur le tourisme en Espagne : une nouvelle réalité pour les road trips
En bref:
- L’Espagne est particulièrement vulnérable au changement climatique, impactant le tourisme et les road trips.
- Les températures record et la surfréquentation touristique remettent en question le modèle économique actuel.
- Une réinvention du tourisme est nécessaire, passant par la préservation des ressources naturelles et une nouvelle saisonnalité.
¡Hola amigos! Comme vous le savez probablement, l’Espagne est une destination de rêve pour les amoureux de la nature et des belles routes. Qui n’a pas rêvé au moins une fois de parcourir en van ou à moto les paysages époustouflants de l'Andalousie, de [la Catalogne](1818) ou des îles Canaries ? Pourtant, cette passion pourrait bien être menacée par un phénomène qui prend de plus en plus d’ampleur : le changement climatique.
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Un pays particulièrement vulnérable
Selon une étude du Centre commun de recherche de la Commission européenne publiée en juillet 2023, l’Espagne compte parmi les régions les plus vulnérables d’Europe face au réchauffement climatique. Et pour cause, ce pays ensoleillé que nous adorons tant est déjà durement frappé par les vagues de chaleur à répétition et les pénuries d’eau.
L’été dernier, les températures ont battu des records historiques, atteignant parfois jusqu’à 15°C au-dessus des normales saisonnières. Une situation qui a poussé de nombreux touristes à fuir la "chaleur terrible", comme en témoignent les responsables des offices de tourisme belges et néerlandais.
Cette vulnérabilité s’explique notamment par la situation géographique de l’Espagne, bordée par les eaux chaudes de la Méditerranée. Mais elle est aussi le résultat de décennies d’aménagements touristiques peu durables, avec la construction effrénée de complexes hôteliers et de golfs dans des régions déjà arides.
Des road trips de plus en plus compliqués
Pour les amateurs de grands espaces comme moi, l’impact du réchauffement climatique est déjà bien visible. L’été dernier, j’ai dû écourter mon road trip à moto dans la Sierra Nevada à cause des températures caniculaires. Impossible de rouler l’après-midi sans risquer un coup de chaleur !
Et je ne suis pas la seule dans ce cas. De plus en plus de voyageurs, notamment des pays du nord de l’Europe, renoncent à leurs road trips estivaux en Espagne, jugés trop épuisants. Selon une étude de CaixaBank, les dépenses touristiques ont d’ailleurs chuté de 0,12% pour chaque degré supplémentaire lors des journées les plus chaudes l’an dernier.
À l’inverse, les régions plus au nord comme la Cantabrie, la Navarre ou le Pays basque voient affluer les visiteurs, avec une hausse de 26% des nuitées hôtelières en 2023. Un véritable bouleversement des flux touristiques qui remet en cause le modèle économique de nombreuses destinations, très dépendantes du "soltourisme".
La fin du tourisme de masse ?
Face à cette nouvelle donne, les voix s’élèvent pour dénoncer les dérives d’un tourisme de masse devenu insoutenable. L’an dernier, des milliers de Canariens ont manifesté contre "l’épuisement" de leurs îles, prises d’assaut par 16 millions de visiteurs – soit 7 fois la population locale !
Même son de cloche à Barcelone, Majorque ou Málaga, où les résidents n’hésitent plus à dissuader ouvertement les touristes. Panneaux trompeurs, autocollants hostiles sur les locations Airbnb… La "tourismophobie" s’installe dans de nombreuses régions qui ne supportent plus la surfréquentation et ses effets néfastes.
Pourtant, le gouvernement espagnol semble bien décidé à poursuivre sur la voie d’un tourisme toujours plus rentable. Malgré les mises en garde du Banco de España, les revenus du secteur devraient encore battre un nouveau record en 2024, dépassant pour la première fois les 200 milliards d’euros selon les prévisions.
Se réinventer pour durer
Mais le tourisme de masse a-t-il encore un avenir dans un pays frappé de plein fouet par la crise climatique ? Rien n’est moins sûr. Pour de nombreux experts, il est désormais indispensable de repenser en profondeur ce modèle économique.
Cela passe d’abord par la préservation des ressources naturelles, à commencer par l’eau si précieuse en terres arides. Il faudra aussi développer de nouvelles activités, moins dépendantes des températures élevées et davantage tournées vers la nature, le patrimoine et l’authenticité.
Enfin, une nouvelle saisonnalité devra s’imposer, avec un lissage des flux touristiques sur l’ensemble de l’année. Un défi de taille pour un pays encore très marqué par le culte de l’été, mais une évolution indispensable pour préserver l'attractivité de ses destinations.
Pour ma part, je continuerai d’arpenter les routes d'Espagne, mais en évitant les mois les plus chauds. Un petit road trip en van à l’automne dans les Pyrénées aragonaises, ça vous tente ? C’est une expérience que je vous recommande vivement !
Sans une prise de conscience collective, le changement climatique pourrait bien sonner le glas des road trips tels que nous les connaissons aujourd’hui. Alors n’attendons pas pour agir et préserver ces merveilleux voyages à la découverte des trésors naturels de la Péninsule ibérique.